Les nains de jardin sont à la mode dans Lochfield Gardens, petit square du quartier d’Easterhouse, dans l’est de Glasgow. Autour d’un terrain de jeu, les maisons à loyers sociaux se ressemblent toutes : un étage, un minijardin devant, un autre à l’arrière. L’ensemble est plutôt coquet, pots de fleurs et joli gravier ornent les entrées. Une petite fille interpelle ses parents en polonais. Deux jeunes tatoués au crâne rasé interrompent son babillage et s’insultent en plaisantant, avec un accent écossais rocailleux.
A deux rues de là, pourtant, l'image est foncièrement différente. Les terrains vagues jonchés d'ordures succèdent aux terrains vagues. L'école primaire est entourée de grands grillages. Dans l'avenue déserte qui longe Lochend High School, un petit groupe s'agite. Mary McCabe, chercheuse en éducation à la retraite, n'en finit plus de sortir du coffre de sa voiture des sacs de toile portant la mention «yes». «Je les donne à chaque équipe ; dedans il y a des prospectus qui répondent à toutes les questions que les électeurs se posent», explique-t-elle. Désignée chef d'équipe, elle distribue les cartes du quartier. La petite troupe d'une vingtaine de volontaires s'ébranle, par groupes de deux. «D'habitude, on est rarement plus de dix, c'est dingue», murmure, enchantée, Sheena Stephens, 62 ans, sage-femme à la retraite.
No man's land. A quelques jours du référendum historique sur l'indépendance, et alors que les sondag