Un matin de mai 2007, le vieux Waris (1) sort tranquillement de sa douche, quand son neveu l'interpelle : quelque chose brûle dans la pièce d'à côté. Waris y découvre avec stupeur un Coran en flammes. Que fait le livre sacré de l'islam dans sa modeste maison de chrétien ? Il n'a pas la réponse, mais sa vie se brise à jamais. Accusé à tort de blasphème, il vient de tomber, à 79 ans, dans le piège implacable tendu par son neveu, qui lorgnait ses biens. «Il a hurlé que c'était un Coran et il s'est précipité dans la mosquée en bas de chez nous pour m'accuser», raconte Waris à Libération. Nous sommes à Lahore, capitale de la province du Pendjab pakistanais. L'imam et une foule encerclent le vieil homme. «Lapidez le blasphémateur ! Pendez-le !» entend-il, terrifié. Il est sauvé in extremis du lynchage, mais inculpé et placé en détention sans enquête préalable.
Une soixantaine de personnes ont péri ainsi ces dernières années, tant le soupçon de blasphème provoque des réactions épidermiques parmi la population à 95% musulmane et souvent illettrée de la république islamique. Après des mois de prison, Waris a eu la chance d’être libéré du fait de son âge et du manque de preuves.
Le nombre d'affaires de blasphème contre l'islam a récemment explosé au Pakistan. Un SMS, un «like» sur Facebook, une inimitié, tout est prétexte à abuser de cette loi, devenue l'arme de prédilection des islamistes pour persécuter les minorités religieuses et réduire au silence les lib