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TRIBUNE

Contre l’Etat islamique, la carte tribale

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par Myriam Benraad, Chercheure au Ceri-Sciences-Po et à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (Ireman)
publié le 14 septembre 2014 à 17h06

Alors que le président américain, Barack Obama, vient d'esquisser les lignes de son plan antijihadiste, et que la mobilisation contre l'Etat islamique ne faiblit pas sur le terrain, une évolution significative, et sans doute encore sous-estimée, se déploie depuis quelques semaines dans le Grand Ouest irakien. Les sunnites qui, sur fond de frustration et de ressentiment profonds contre le gouvernement chiite de Bagdad, avaient laissé la voie libre aux combattants au début de l'été - lorsqu'ils ne se sont pas tout simplement associés à eux - pourraient être sur le point d'opérer un revirement de taille. Plusieurs tribus, dont les membres n'ont pas été épargnés par les foudres et exactions d'Abou Bakr al-Baghdadi et consorts, commencent à organiser les rangs d'une contre-offensive dans leurs localités. Après avoir reçu un soutien formel de la part du nouveau Premier ministre, Haïdar al-Abadi, elles sont désormais ouvertement épaulées par les Etats-Unis qui, pour la première fois depuis la blitzkrieg du calife autodésigné, ont procédé à une série de frappes aériennes sur la province sunnite d'Al-Anbar, bastion privilégié de l'insurrection depuis l'occupation américaine.

Assisterait-on, à travers cette extension de la réponse militaire de Washington et au moment où Obama s'emploie à former la coalition mondiale la plus large contre les jihadistes, à une répétition de l'histoire et de la coopération américano-tribale qui, entre 2007 et 2008,