Un groupe de collégiennes de la ville de Busan insulte une camarade par textos collectifs. Les invectives fusent, la victime finit par quitter la conversation, mais elle y est automatiquement réinvitée et les injures reprennent de plus belle. Cette histoire, rapportée cette année par les médias, illustre ce que les Coréens appellent la «prison Kakao Talk», du nom de l'incontournable service de messagerie téléphonique - 97% des utilisateurs de smartphones ont recours à cette application en Corée du Sud, soit plus de deux habitants sur trois. Une autre fois, plus de 700 personnes ont été invitées dans le groupe de discussion à lyncher une cible «en public». En 2012, une adolescente de 16 ans s'est défenestrée à Séoul après avoir été harcelée sur son portable par une quinzaine de garçons.
Un député conservateur vient de déposer un projet de loi visant à mettre en place un système d’invitations au sein des messageries, afin de donner aux utilisateurs la possibilité de refuser d’entrer dans un groupe. Technique, la mesure révèle une réalité nouvelle dans ce pays ultraconnecté où le harcèlement scolaire est répandu : 28% des collégiens et lycéens ont déjà été victimes de harcèlement en ligne, d’après une enquête de l’Institut national pour les politiques sur la jeunesse. Le taux de suicide des 15-24 ans, quant à lui, a presque doublé entre 2001 et 2011.
«Le cyber-harcèlement se pratique n'importe où et n'importe quand, et il est plus difficile à détecter. De plus, n'imp