Formation populiste ouvertement eurosceptique, Alternative für Deutschland (AfD) s’installe sur l’échiquier politique. Le petit parti anti-euro, lancé en avril 2013 par une poignée d’hommes d’affaires et d’économistes, a obtenu respectivement 10% et 12% des voix en Thuringe et dans le Brandebourg, deux Länder de l’ex-RDA appelés dimanche à renouveler leur parlement régional. L’AfD réédite ainsi son succès d’il y a deux semaines, quand il avait alors pour la première fois réussi son entrée dans un parlement régional, en Saxe, avec 9,7% des voix.
Réceptacle. A sa naissance, l'AfD semblait condamnée à jouer un rôle de second plan et de réceptacle d'un vote protestataire, mais ponctuel. Parti de nantis opposés aux plans de sauvetage de l'euro et à la politique européenne d'Angela Merkel, il apparaissait comme un phénomène passager, dont l'existence évoluerait au gré de la crise de l'euro. Un an et demi plus tard, l'AfD est parti pour s'installer dans la durée. Il n'a raté que de peu son entrée au Bundestag à l'automne dernier et a envoyé sept eurodéputés à Strasbourg en mai. Surtout, l'AfD attire de plus en plus en dehors de sa clientèle d'origine, séduisant aujourd'hui étudiants et jeunes, avec 125 000 fidèles sur Facebook.
Ces succès, l'AfD les doit à un changement de stratégie. Assurant n'être «ni de droite ni de gauche», ses chefs n'hésitent pas à s'attaquer à l'électorat du SPD (social-démocrate) ou à Die Linke (néocommunistes),