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Libération
Récit

Raqqa «Le pire, c’est que l’Etat islamique va introduire sa loi dans les écoles»

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A Raqqa, ville syrienne passée sous le contrôle des jihadistes il y a plus d’un an, l’ensemble de la vie quotidienne est désormais contrôlé par les extrémistes.
Dans les rues de Raqqa, en Syrie, le 31 mars dernier. (Photo Reuters)
publié le 14 septembre 2014 à 19h36
(mis à jour le 22 septembre 2014 à 10h46)
Sara a enfin décroché son bac. Pour la bonne élève de Raqqa, les épreuves les plus dures n’étaient pas celles du concours, mais celles du parcours du combattant qu’elle a dû effectuer pour le présenter. Comme aucun examen officiel n’est organisé dans sa ville, bastion de l’Etat islamique, il lui fallait se rendre dans une zone contrôlée par le régime syrien. Grâce à l’une de ses tantes résidant à Lattaquié, à 200 kilomètres de là, elle a pu s’inscrire pour passer les épreuves en juillet.

Mais deux jours avant de prendre la route, une amie lui rappelle qu'elle ne peut circuler sans un muhram (un «tuteur», c'est-à-dire un homme de la famille), selon les nouvelles lois qui interdisent aux femmes de sortir non accompagnées. «J'ai piqué une crise de hurlements et de larmes où j'ai insulté la terre entière toute une soirée, raconte, dans un échange sur Facebook, Sara, dont le père et les trois frères sont réfugiés en Turquie. Après un moment de panique partagée, ma mère a contacté des cousins avec lesquels nous étions en froid pour demander leur aide. Ils sont venus nous voir et l'un d'entre eux a accepté de prendre la route avec moi le lendemain dans un minibus pour Lattaquié. J'ai dû emprunter la carte d'identité de sa sœur pour y aller. Les hommes de Daech [l'acronyme arabe de l'Etat islamique, ndlr] au barrage ne pouvaient relever ma non-ressemblance avec ma cousine. C'est le seul avantage du niqab.»

Epaisseur du tissu. La cape noire intégrale dont doivent se couvrir les femmes dans les territoires de Syrie et d'Irak sous la coupe de la formation jihadiste est devenue plus qu'un symbole de conquête, une véritable obsession. L'épaisseur du tissu, l'ampleur qui ne doit rien laisser deviner des formes de la femme, la longueur à ras du sol pour cacher le moindre centimètre de cheville sont strictement contrôlées par les hommes de la hisba (la police islamique) qui patrouillent dans l