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grand angle

La justice pakistanaise otage du fanatisme

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Les maudits du blasphème (2/2) Alors que le nombre de personnes accusées d’avoir brûlé un Coran ou injurié Mahomet a explosé dans la république islamique, magistrats et avocats sont victimes de pressions. Certains sont assassinés.
publié le 15 septembre 2014 à 17h06

Même enfermé au fond d'une prison du Pendjab, Khalil «l'hérétique» n'aura pas échappé à la justice de sang des fanatiques. Accusé d'être un blasphémateur, cet ahmadi a été abattu le 16 mai sans autre forme de procès d'une balle dans l'œil, tirée à travers les barreaux de sa cellule par un adolescent endoctriné, déguisé en policier. L'assassin, Mohammad Salim, 18 ans, a pénétré dans le centre de détention du commissariat de Sharaqpur et fait feu sur les accusés de blasphème, parce qu'«une voix intérieure le lui demandait», selon son avocate…

«La tragédie, c'est que Khalil était moins protégé au commissariat que moi à l'extérieur», se désespère son neveu, Ghulam Ahmad, 40 ans. Après un premier volet sur les victimes (Libération de lundi), cette enquête décrit l'incapacité du système judiciaire et policier à offrir une justice équitable aux personnes accusées, le plus souvent à tort, d'avoir insulté l'islam dans la république islamique. D'énormes pressions sont exercées en toute impunité par les extrémistes religieux sur les policiers, les juges, les avocats et des accusés vulnérables. En particulier quand ceux-ci sont des ahmadis, des musulmans déclarés hérétiques par l'Etat pakistanais en 1974 car ils ne considèrent pas Mahomet comme le dernier prophète. Persécutés, ils ont interdiction de pratiquer leur religion. «La loi sur le blasphème est devenue une machine à fabriquer des erreurs judiciaires, exploitée de façon impitoyable par les fanatique