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Libération
TRIBUNE

Le Non, un coming out difficile

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par Denise Mina, Ecrivaine
publié le 16 septembre 2014 à 18h46

Echappant aux radars de la presse nationale, c’est une véritable révolution civique qui a eu lieu en Ecosse. Sur Facebook, Twitter, dans les cafés et dans les salons, une année entière de débats publics portant sur des sujets politiques aussi variés que les moyens d’évaluation de nos réserves pétrolières, la réinvention de l’Etat-nation, le rôle des arts en politique ou qui pourrait, à juste titre être désigné comme «nationaliste».

Je ne vote pas. Chose peu commune dans le milieu des arts et des lettres où règne un consensus tacite en faveur de l’indépendance. Pas facile de faire partie d’une minorité. J’ai récemment entendu un de nos artistes affirmer qu’il était plus difficile pour lui de faire son coming out «non» que son coming out «gay». Moi-même, ne suis-je pas fébrilement sortie du placard après avoir été citée par des groupes pro-indépendance qui pensaient, à tort, que j’étais des leurs ? La réaction de la communauté artistique fut pour le moins extraordinaire ; j’ai reçu des lettres de soutien, textes et messages personnels d’artistes et d’écrivains - certains affichant avec la même véhémence leur position en faveur de l’indépendance et leur mépris pour ceux qui votent «non». Il est vrai que certains messages publics de soutien, s’ils étaient un peu acerbes, n’en étaient pas moins étonnants. Je ne sais pas si j’aurais été capable d’en faire autant.

Plus rare encore que l’artiste votant «non» : l’artiste refusant de faire campagne pour sa propre position. Tout ce beau