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Verbatim

«Ce ne sera pas le paradis, mais nous y arriverons…»

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Historien spécialiste de la nation écossaise, Thomas Devine décline les facteurs qui ont permis aux idées indépendantistes de se développer.
Les drapeaux écossais et britannique (Photo AFP)
publié le 17 septembre 2014 à 19h16

Sir Thomas Devine, l'un des historiens les plus éminents d'Ecosse, a consacré plus de quarante ans de sa carrière à l'histoire de la nation écossaise, de 1600 à nos jours. Après avoir longtemps hésité, il a annoncé en août qu'il voterait «oui» à l'indépendance. Il explique à Libération les facteurs qui, selon lui, ont au fil des années poussé l'Ecosse vers l'indépendance.

«Au milieu du siècle dernier, il n’y avait pas le moindre indice que l’Ecosse puisse devenir indépendante moins d’une génération plus tard. Dans les années 50 et au début des années 60, l’Union était totalement sécurisée. La Seconde Guerre mondiale avait renforcé la cohésion des nations du Royaume. Le développement de l’Etat-providence après-guerre donnait un nouvel ancrage à un Empire britannique, bastion traditionnel de l’Union, en voie de désintégration. La menace soviétique grandissante signifiait qu’il existait encore un "autre" ennemi. Dans les années 50, le Scottish National Party (SNP) était un tout petit groupe protestataire. Le réel déclin de l’Union n’a commencé sérieusement que dans les années 80. On peut identifier au moins quatre facteurs significatifs.

«D'abord, la désindustrialisation de l'Ecosse dans les années 80 et ses lourdes conséquences sociales ont eu un effet fondamental. Entre la fin des années 70 et 1987, l'Ecosse a perdu un tiers de sa capacité manufacturière. A tort ou à raison, et jusqu'à aujourd'hui, cette catastrophe a été imputée aux politiques économiques brutales des