Avant même la publication des résultats, avant même que le premier bulletin soit déposé dans l’urne, ce référendum historique avait consacré un seul et unique gagnant incontestable. Avec sa mine de chat repu, arrogant et satisfait, avec sa voix rocailleuse et ses yeux constamment cernés, même lorsqu’il a dormi plus de quelques heures, Alex Salmond, 59 ans, a gagné. Et c’est une certitude qu’il avait lui-même acquise depuis longtemps. Ce qui explique peut-être sa constante et incroyable assurance pendant la campagne, horripilante pour ses détracteurs, réconfortante pour ses admirateurs.
«Salmond pense qu'il peut être le père de la nation, une sorte d'Atatürk d'Ecosse», confiait sans y croire il y a deux ans un membre du cabinet du Premier ministre britannique, David Cameron, au journaliste et écrivain Andrew Rawnsley. Ceux qu'Alex Salmond n'a cessé d'appeler au cours de la campagne les «Three Amigos», ou encore les «Westminster Sisters», à savoir Cameron pour les conservateurs, Nick Clegg pour les libéraux-démocrates et Ed Miliband pour les travaillistes, ont totalement sous-estimé l'animal politique. Engoncés dans la certitude que les partisans de Salmond et du Parti national écossais (SNP) étaient au mieux des utopistes romantiques en kilt, au pire des ultra-gauchistes arriérés. Mais si ces deux images s'appliquaient éventuellement au SNP des années 70, elles sont aujourd'hui totalement dépassées.
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