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Libération
TRIBUNE

Chronique d’un film catastrophe bien préparé

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publié le 18 septembre 2014 à 17h46

«Inutile d'interpréter laborieusement les films catastrophe dans leur rapport à une crise sociale "objective" ou même à un phantasme "objectif" de catastrophe», écrivait Jean Baudrillard en 1981. C'est dans l'autre sens qu'il faut dire que c'est «le social lui-même quis'organise selon un scénario de film de catastrophe». Il y a peu, Libération consacrait quelques colonnes à l'analyse de films d'apocalypse, miroirs de nos anxiétés face aux pandémies. L'épidémie de virus Ebola, qui ravage plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, exige une critique plus radicale.

La crise actuelle n'est pas un cauchemar qui se réalise sous nos yeux, «comme dans les films catastrophe». Elle n'est pas une anomalie, ni un accident qui aurait pris de court les organisations sanitaires ; elle n'est pas, pour reprendre la langue de bois diplomatique, un «défi» organisationnel, financier et politique lancé à la communauté internationale et aux humanitaires. C'est dans l'autre sens qu'il faut le dire : la crise Ebola est le produit de deux décennies de choix et d'actions politiques. C'est une catastrophe bien préparée, non seulement par la sape organisée des systèmes de santé africains par les réformes néolibérales, mais aussi par la mobilisation décidée des acteurs publics et privés de la