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Libération
Récit

Ilham Tohti, l’âme ouïghoure entravée par Pékin

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L’intellectuel, emprisonné depuis des mois en Chine, comparaît pour avoir critiqué l’assimilation de son peuple. Il risque la peine de mort.
publié le 18 septembre 2014 à 17h46

Des menaces de mort proférées par la police secrète, suivies d'une arrestation dès potron-minet. Des accusations fallacieuses relayées par la presse officielle, puis des mauvais traitements infligés dans un lieu de détention tenu secret et, pour finir, un simulacre de procès assorti d'une lourde condamnation… Depuis des décennies, les procès politiques en Chine se succèdent et se ressemblent. L'homme qui est cette fois sur la sellette s'appelle Ilham Tohti. C'est un économiste de renom, auteur de plusieurs livres, enseignant dans une université de Pékin, que les diplomates de nombreuses chancelleries à Pékin invitaient fréquemment afin d'écouter son point de vue - jusqu'à son arrestation, le 15 janvier. Ouïghour turcophone et musulman né au Xinjiang, aux confins de la Chine occidentale, Tohti comparaît depuis mercredi devant un tribunal d'Urumqi (la capitale du Xinjiang) pour «séparatisme». Un crime pour lequel il encourt une longue peine de prison, voire la peine de mort. C'est en vain qu'une dizaine de diplomates, dont un Français et un Américain, ainsi que des journalistes, ont fait le long voyage depuis Pékin pour tenter d'assister aux audiences pourtant théoriquement «publiques».Des verdicts de culpabilité étant, en Chine, prononcés dans 99,9% des affaires criminelles (selon le China Law Yearbook), il a peu de chances d'être acquitté.

Féroces. Ilham Tohti était la seule voix indépendante osant s'exprimer co