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portrait

Irina Dovgan, sauvée par le Net

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Il y a un mois, une photo d’un journaliste étranger a sauvé du lynchage cette esthéticienne, ukrainienne pro-Kiev quoique russophone.
Irina Dovgan. (Sasha Kurmaz pour «Libération»)
publié le 21 septembre 2014 à 17h06

«Madame, vous êtes devenue la nouvelle star d'Internet !» C'est en entendant ces mots qu'Irina Dovgan, une esthéticienne pro-Ukraine, torturée puis presque lynchée sur la place publique à Donetsk, a compris qu'elle allait survivre, que l'image prise la veille par ce photographe barbu «à l'air intelligent», alors qu'elle était livrée à la vindicte de gens qui étaient convaincus «sans avoir besoin de preuves» qu'elle était une criminelle, lui avait sauvé la mise. Le soir même, ses geôliers lui apportaient à manger pour la première fois depuis quatre jours. Le lendemain, elle était libérée, et le surlendemain, elle regagnait Marioupol où elle retrouvait sa famille, avant de partir pour Kiev, la capitale ukrainienne, où elle et son mari ne sont plus que deux chômeurs déplacés de plus.

C'est à Kiev, où elle a été accueillie par un couple de petits entrepreneurs dans une maison avec jardin située dans une banlieue plutôt cossue, que Dovgan, une blonde élancée de 52 ans, fragile dans ses vêtements noirs, raconte comment elle a cru mourir et comment elle a été sauvée par des journalistes étrangers. Irina Dovgan est typique de cette classe moyenne qui, à l'Est, ne soutient pas les rebelles de la DNR, la république autoproclamée de Donetsk, mais le pouvoir central de Kiev. Elle prodigue des soins esthétiques à des clients privés dans un petit appartement que lui a légué sa mère dans sa ville natale d'Iassinouvata. Son mari est ingénieur en construction, ils o