Au placard. Et fort probablement, pour toujours. C'est le sort final de la loi la plus polémique du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy depuis sa victoire aux législatives de décembre 2011. A plusieurs reprises, elle avait été reportée aux calendes grecques, étant donné son caractère explosif. L'avant-projet de loi sur l'avortement, approuvé en conseil des ministres en décembre 2013, a officiellement été enterré par le chef de l'exécutif par cette formule laconique: «Le faire passer n'aurait pas été très sensé». Aussitôt, l'homme qui avait porté à bout de bras ce texte-brûlot, le ministre de la justice Alberto Ruiz-Gallardon, a démissionné. Ce fils d'un haut fonctionnaire franquiste a en même temps mis fin à trois décennies de carrière politique : le désaveu est total pour ce catholique pratiquant et ultra-conservateur qui avait fait de cette réforme une affaire personnelle.
Rappelons que cette réforme introduisait un changement radical. Depuis 2010, la loi en vigueur permet à toute femme d’avorter sans problème au cours des 14 premières semaines de gestation. Au-delà de ce délai, des restrictions sont posées. Avec ce nouveau texte, avorter était impossible sauf en cas de viol ou de difficultés psychologiques pour la femme. De toute façon, cela constituait un vrai parcours du combattant, long et