Arrivé samedi, la veille de son enlèvement, Hervé Gourdel, guide de montagne chevronné du parc du Mercantour, a loué avec des amis algériens un chalet entre Tizi-Ouzou et Bouira à 120 km au sud-est d’Alger. Il avait indiqué, peu avant son départ, vouloir se rendre dans le massif du Djurdjura, en Kabylie. C’est là, à 1 700 m d’altitude, qu’il a été enlevé dimanche en début de nuit par Jund al-Khilafah (les soldats du califat), groupe qui a fait sécession avec Aqmi (Al-Qaeda au Maghreb islamique) pour rejoindre l’Etat islamique.
Allégeance. Pour Djalil Lounnas, enseignant-chercheur à l'université Al-Akhawayn d'Ifrane, au Maroc, et chercheur au Centre des études pour la paix et la sécurité internationale de l'université de Montréal, «la Kabylie a été un sanctuaire des groupes armés qui ont semé la terreur dans les années 90. Elle est depuis les années 2000 un foyer crapuleux : enlèvements et kidnappings de chefs d'entreprises et commerçants locaux». C'est cette région montagneuse, d'accès difficile, qui est «l'épicentre d'Aqmi en Algérie», souligne Djalil Lounnas. Abdelmalek Droukdel, un émir de la région, a dernièrement renouvelé son allégeance à Aqmi «contrairement au groupe qui a enlevé le randonneur français et qui, lui, se revendique fraîchement de l'Etat islamique». C'est ce qui ne rend pas optimiste Djalil Lounnas, «car si Aqmi retient longtemps mais aussi libère contre rançon, ou échange des prisonniers