Surtout ne pas se mouiller. Hautement sensibles au Brésil, les questions de société sont absentes de la campagne pour l’élection présidentielle du 5 octobre. Les trois principaux candidats, la présidente sortante, Dilma Rousseff (Parti des travailleurs), l’ancienne ministre de l’Environnement Marina Silva (Parti socialiste brésilien) et le sénateur Aécio Neves (Parti de la social-démocratie brésilienne, centre droit) préfèrent discuter politique économique que droits des homosexuels ou dépénalisation de l’avortement, le tabou par excellence dans un pays très croyant.
Actuellement, l’interruption volontaire de grossesse n’est autorisée qu’en cas de viol, de danger pour la mère ou d’anencéphalie du fœtus.
«Hypocrite». Lors d'un débat télévisé organisé par l'Eglise catholique (!), le candidat du Parti vert, Eduardo Jorge, qui ne recueille que 1% des intentions de vote, a fait sensation en plaidant, devant un parterre d'évêques, l'abrogation de cette loi «machiste et cruelle». Chaque année, 800 000 Brésiliennes se font avorter clandestinement, parfois au péril de leur vie. Pourtant, ses adversaires du «G3», comme il dit, défendent, eux, le statu quo. Par conviction religieuse pour Marina Silva, évangélique orthodoxe. Par calcul électoraliste pour Dilma Rousseff et Aécio Neves, plus libéraux. Avant même son élection, en 2010, le sujet était déjà clos pour «Dilma». La protégée de l'ancien président Lula avait dû s'engager par écrit à ne