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Interview

«Alger doit éclaircir les circonstances de la mort d’Hervé Gourdel»

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Le monde arabe en ébullitiondossier
Spécialiste du Maghreb, Kader Abderrahim s’interroge sur la responsabilité du pouvoir :
publié le 25 septembre 2014 à 20h06

Kader Abderrahim est chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste du Maghreb et de l’islamisme, et maître de conférences à Sciences-Po Paris. Il revient sur la genèse de ce groupe qui a assassiné Hervé Gourdel, sur les services de sécurité algériens qui ont failli et pourquoi ces groupes armés font partie d’un décor kabyle.

Quel est ce groupe, Jund al-Khilafah (les Soldats du Califat), qui a revendiqué l’assassinat d’Hervé Gourdel ?

C'est un lointain héritier de ces groupes dans les années 90 qui existaient depuis l'AIS [Armée islamique du salut], le bras armé du Front islamique du salut [FIS]. Ces groupes ont muté depuis vingt-cinq ans. D'abord en GIA [Groupe islamique armé], puis en GSPC [Groupe salafiste pour la prédication et le combat] dont les éléments qui n'avaient pas été éradiqués par l'armée se sont à leur tour fondus dès 2011 en Al-Qaeda qui lui-même s'est fondu en Aqmi. Et à nouveau en groupe se réclamant de l'Etat islamique.

Les deux chefs du terrorisme algériens peuvent rejoindre l’Etat islamique ?

Que ce soit Droukdel ou Belmokhtar, ces deux-là sont à la tête de deux épiceries de la terreur. Je ne les vois pas lâcher ce petit commerce jihadiste pour une nouvelle grande enseigne qui se fait pilonner par les missiles américains Tomahawk.

Les services algériens ont été pris en faute ?

Assurément, et c'est une énorme erreur de surveillance de la Direction du renseignement et de la sécurité [D