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Libération
Reportage

En Côte-d’Ivoire, Vérité et Réconciliation à la peine

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Victimes et auteurs d’atrocités entre 2000 et 2012 sont entendus en commission. Mais le processus manque d’organisation et les indemnisations sont incertaines.
publié le 28 septembre 2014 à 18h36

Difficile de dire ce qui, du désespoir ou des cinq caméras braquées sur elle, terrorise à ce point Fatoumata (1). Figée sur sa chaise, le corps voûté, cette Ivoirienne fluette raconte comment son mari et ses trois enfants, dont le plus jeune avait à peine six mois, ont été découpés à la machette. «J'ai tout perdu», lâche-t-elle dans un souffle, le regard fixe. Elle se remémore à haute voix sa fuite à l'arrivée, en 2011, de miliciens libériens favorables à l'ex-président Laurent Gbagbo, qui refusait de reconnaître son échec électoral. Et le vide de sa vie depuis lors.

Après trois années de travaux préparatoires, la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR) ivoirienne a débuté le lundi 8 septembre ses audiences publiques. Victimes et plus rarement bourreaux témoignent des persécutions subies et exactions commises durant les crises politiques vécues par la Côte-d’Ivoire entre 2000 et 2012.

Tandis qu'au premier rang, un chef traditionnel essuie une larme, une des commissaires de la CDVR assure Fatoumata que les membres de la commission prieront pour elle. De son côté, la victime affirme pardonner ses agresseurs. «Que puis-je faire d'autre ?» Le 22 septembre, une femme expliquait comment des rebelles l'avaient forcée, fin 2002, à cuire les membres de son mari.

Déballage. La Côte-d'Ivoire, explique le président de la commission, Charles Konan Banny, ancien Premier ministre sous Laurent Gbagbo, mais membre de l'actuelle