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Libération
Reportage

Brésil : «Il va falloir réinvestir la rue»

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Un an après les grandes manifestations sociales qui ont frappé le pays, l’élection présidentielle qui se tiendra dimanche peine à mobiliser des jeunes résignés. Dilma Rousseff reste favorite.
La présidente sortante et candidate à la réélection, Dilma Rousseff, en meeting à Rio le 19 septembre. (Photo Ricardo Moraes. Reuters)
par Chantal Rayes, Correspondante à São Paulo
publié le 30 septembre 2014 à 18h36

Avec son enfilade de gratte-ciel, l’avenue Paulista est la vitrine de São Paulo. C’est de là, entre sièges de banques et autres symboles de prospérité de la capitale économique du Brésil, qu’était partie la grande fronde populaire de 2013. Dans tout le pays, des centaines de milliers de jeunes avaient pris les rues pour protester contre la corruption et le délabrement des services publics.

A la veille des élections générales du 5 octobre, l'agitation sociale n'est plus qu'un lointain souvenir. Les manifestants ont fait place à des «militants» payés par les partis pour agiter des drapeaux et distribuer les badges de leurs candidats. Leonardo, 26 ans, attend le bus. Tignasse afro et barbiche, cet employé de bureau est l'un des indignés de juin. Aujourd'hui, il ne se sent représenté par aucun des trois principaux candidats à la présidentielle, la présidente sortante, Dilma Rousseff (Parti des travailleurs), l'écologiste Marina Silva (Parti socialiste brésilien) et le sénateur Aécio Neves (Parti de la social-démocratie brésilienne, centre droit). «Ils se valent tous», lâche-t-il, désabusé.

Évangélique. Même Marina Silva, en deuxième place dans les sondages derrière Dilma Rousseff, ne trouve pas grâce à ses yeux. La candidate socialiste, qui promet de gouverner «autrement», incarne pourtant le changement. Mais c'est aussi une évangélique orthodoxe et cela ne rassure pas Leonardo. «Religion et politique ne font pas bon ména