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Interview

François Godement: «Une génération qui sent que son avenir est bouché par la Chine»

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Pour le sinologue François Godement, Pékin ne pourra supporter longtemps ce mouvement mené par la jeunesse.
publié le 1er octobre 2014 à 18h46

Historien et sinologue, François Godement est le directeur stratégique de l’organisme de recherche et de conseil Asia Centre. Il explique pourquoi la Chine ne peut tolérer dans la durée les manifestations de Hongkong.

Que représente Hongkong pour les dirigeants chinois ?

C’est à la fois un terrain de jeu, un lieu de placements, un sas avec le monde extérieur parce que c’est une place offshore plutôt opaque. Il s’agit donc d’un endroit extrêmement important. Pékin ne peut donc pas accepter très longtemps cette contestation alors qu’elle est exposée à la planète entière. Il y a, de fait, un retentissement sur l’ordre public et la réputation internationale de Hongkong comme place financière. Par ailleurs, le risque est réel pour Pékin de perdre la face en Chine même. De ce point de vue-là, nous sommes dans une situation qui ressemble au début du mouvement de Tiananmen en 1989. Plus les dirigeants chinois donneront l’impression qu’ils s’engagent dans une forme de compromis plus ils se trouveront exposés en Chine à des reproches sur le thème : «Et nous ?»

C’est la crainte de l’effet domino ?

Oui. Les choses sont si contrôlées en Chine même que laisser un système démocratique s’épanouir à Hongkong représente une vraie menace. Les dirigeants chinois ne cherchent pas à étouffer à tout prix la vie démocratique qui existe avec ses élus et son système de droits, mais ils ne veulent pas avoir à la tête de Hongkong des représentants qui contrediraient les or