«Dilma, plus jamais !» Son bébé dans les bras, Iuri est formel. Sa femme, Juranice, renchérit : «On n'a vu aucun progrès sous son mandat.» Ce jeune couple noir a fraîchement quitté la pauvreté. Comme des millions de Brésiliens que le miracle économique des années Lula (2003-2010) a propulsés dans la classe moyenne. Grâce à la création d'emplois et au recul du travail au noir, cette catégorie sociale, dont les revenus mensuels varient entre l'équivalent de 466 et 1 165 euros par ménage, représente aujourd'hui 32% de la population, contre seulement 17% avant l'arrivée au pouvoir de l'ancien président. Pourtant, ce dimanche, beaucoup de ces anciens pauvres ne voteront pas pour sa protégée, la présidente sortante Dilma Rousseff (Parti des travailleurs, PT), en tête des intentions de vote devant la candidate du Parti socialiste, Marina Silva.
«Aller voter, c'est barbant, dit Iuri. En 2010, on l'a fait parce que Lula nous a demandé d'élire Dilma, et on l'a regretté.» Cette fois, lui et sa femme, âgés de 22 ans, s'abstiendront. Tous deux travaillent dans un supermarché. Grâce à la démocratisation du crédit, ils ont entièrement équipé leur maison. Aujourd'hui, ils croulent sous les dettes et vont rentrer dans leur Bahia natale : «La vie y est moins chère.»
Dernier cri. Situé dans un quartier populaire, le «shopping» Itaquera, le centre commercial où on les croise, a ouvert ses portes en 2007 pour recevoir ce pub