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Interview

Martin Lee : «Je pensais que Hongkong allait démocratiser la Chine»

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Hongkong, la révolution des parapluiesdossier
Martin Lee, qui a participé à la mini-Constitution de l’ex-colonie britannique en 1987, raconte comment elle s’est occidentalisée et éloignée de Pékin.
publié le 5 octobre 2014 à 19h46

Martin Lee, âgé de 76 ans, est considéré comme le «père» du mouvement démocratique de l'ancienne colonie britannique de Hongkong. Il a participé dans les années 80 à la rédaction de la basic law - la mini-Constitution du territoire, fondée sur la formule «un pays, deux systèmes». Il a aussi été l'un des cofondateurs, en 1991, de l'Union des démocrates de Hongkong (UDHK), précurseur du Parti démocrate. Les initiateurs de la «révolution des parapluies» sollicitent ses conseils, notamment le leader de 17 ans Joshua Wong. «Nous sommes de bons amis, dit de lui Martin Lee. Il m'appelle de temps à autre pour avoir mon avis, lorsqu'il est vraiment très indécis. Mais lui comme les autres leaders se débrouillent très bien par eux-mêmes.»

La Chine est votre pays, mais vous y êtes interdit de séjour. Pourquoi ?

Depuis la répression de Tiananmen, en 1989. Quand je demande les raisons aux officiels communistes, ils me répondent : «Au fond de votre cœur, vous savez très bien pourquoi.»

D’où vient cette idée d’«un pays, deux systèmes» ?

Au début des années 80, Deng Xiaoping voulait commencer à introduire le capitalisme en Chine pour remplacer le socialisme et, pour lui, Hongkong était un modèle. Un modèle de prospérité et de stabilité, où régnait l'Etat de droit, avec des libertés. Dans son esprit, Hongkong devait faire avancer la Chine, et c'est pour ça qu'il a décrété que son système ne changerait pas pendant cinquante ans. En avril 1987, j'étais à Pékin, avec d'autres législateurs, en train de participer à la rédaction de la loi fondamentale, la mini-Constitution de Hongkong,