Les yeux rivés sur leurs bottes, les six garçons aux visages de poupons se recroquevillent à mesure que le procureur énumère les actes de torture qui leur sont reprochés. Pendant plus d’un mois, quasi quotidiennement, ils ont frappé leur camarade Yoon, 20 ans. Ils l’ont empêché de dormir, l’ont forcé à manger du dentifrice, à lécher son propre vomi ou leurs crachats sur le sol, ont appliqué du gel anti-inflammatoire sur ses parties génitales.
Le déroulement des faits, jour après jour, est à peine soutenable. Dans la petite salle du tribunal militaire de Yongin, dans la banlieue de Séoul, l'audience est en pleurs. Yoon a fini par succomber le 6 avril, alors que ses bourreaux le rouaient de coups tout en le forçant à manger de la nourriture congelée. Il venait de débuter son service militaire qui devait durer un peu moins de deux ans, comme pour tous les jeunes hommes coréens. «Il était trop lent», auraient justifié les accusés, le plus vieux ayant tout juste 25 ans. L'un d'entre eux aurait lui-même enduré ce type de violences quelques mois auparavant.
«Nous n'avions aucune idée de ce que notre fils subissait», a dit à Libération le père de la victime. Cachée pendant plusieurs mois par l'armée qui s'était contentée d'évoquer «une mort par asphyxie», l'histoire n'a été dévoilée qu'en août par une ONG militant pour les droits de l'homme dans l'armée. Cette affaire, qui a soulevé une vague d'indignation dans le pays, est venue s'ajouter à une sér