En quatre jours - les 4, 12, 13 et 30 août -, Philippe Martinez, capitaine du remorqueur Leonard Tide, a récupéré à son bord, selon son propre décompte, 1 828 migrants en perdition sur la Méditerranée. Son navire de 72 mètres, qui fait de l'assistance aux travaux pétroliers offshore, travaillait pour la plateforme de forage Zagreb 1, à 80 milles au nord de Tripoli. Une position qui est exactement sur le chemin de Lampedusa, l'île italienne que tant de migrants tentent de rejoindre - plus de 3 000 ont péri en Méditerranée depuis janvier, un nombre record, selon l'Organisation internationale pour les migrations. Philippe Martinez a 57 ans, dont trente-cinq de travail en mer. Il a photographié ces sauvetages. Rencontré à Vannes (Morbihan), où il est basé, il nous a raconté.
«On a vu des bras s’agiter»
«On sait que ces arrivées fonctionnenent par vagues. Il leur faut du beau temps, une mer plate, car ils embarquent de la côte libyenne. Comme on est informés en permanence, on était avertis qu’on allait en croiser. Au début, certains passaient sans faire signe. Puis sur un bateau, on a vu des bras s’agiter : ils n’ont que leurs bras pour signaler leur détresse. On s’approche, pas trop près pour ne pas leur faire peur. Avec les jumelles, on observe, on met un Zodiac à l’eau avec deux officiers, l’un parlant arabe, l’autre anglais. Ils me disent que les migrants sont déshydratés, n’ont plus d’essence, plus de nourriture, sont perdus. Ils sont une centaine. Décision est prise de les recueillir : hors de