Des insurgés emmenés par quelques fanatiques religieux pour mettre à bas un régime autocratique à bout de souffle et fonder un Etat théocratique que les puissances occidentales décident de combattre. Il ne s'agit pas de l'Etat islamique au Proche-Orient en 2014 mais de la rébellion des Taiping dont la Chine s'apprête à commémorer le 150e anniversaire de la répression. Ce mouvement s'inscrit dans le contexte de fragilisation du pouvoir mandchou dans le sud de l'Empire, à la suite de sa défaite face aux Britanniques en 1842, au terme de la première guerre de l'opium. Les soldats démobilisés grossissent les bandes de brigands et une sévère crise économique frappe les provinces méridionales. A proximité de Canton, le jeune Hong Xiuquan, un lettré déclassé, issu de la minorité linguistique hakka, a échoué quatre fois aux examens mandarinaux et nourrit un fort ressentiment à l'égard de l'Etat mandchou. La lecture de pamphlets protestants et des visions du Divin le poussent à se convertir au christianisme en 1843. Il constitue un groupe de fidèles et, en 1851, se proclame «roi céleste», fils de Dieu et frère cadet de Jésus-Christ. Hong et les Taiping réinventent un christianisme messianique qui refuse la Trinité : Dieu, au sommet, secondé par Jésus et Hong, qui possèdent tous trois une épouse.
Les Taiping promeuvent une révolution sociale qui préconise la mise en commun des terres par groupes de 25 familles réunies autour d’une église, interdit l’esclavage et instaure l’é