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Libération
TRIBUNE

Pourquoi la Turquie est ambiguë face à l’EI

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par Baryam Balci, Chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (Paris), Carnegie Endowment (Washington)
publié le 9 octobre 2014 à 19h56

Taxée de double jeu vis-à-vis de l’organisation «Etat islamique» (EI) dont elle aurait indirectement contribué à la montée en puissance en soutenant l’opposition syrienne contre Bachar al-Assad et contre l’émergence d’un puissant facteur kurde en Syrie, la Turquie a enfin clarifié sa position en déclarant, officiellement, qu’elle rejoignait la coalition internationale. Le Parlement vient d’approuver la motion autorisant l’intervention des militaires turcs en Irak et en Syrie, et le déploiement de forces armées étrangères sur son territoire. Or, cette motion est ambiguë car elle vise les terrorismes sans spécifier l’EI et la réticence d’Ankara à s’impliquer concrètement témoigne du fossé qui demeure entre sa vision et celle des Occidentaux quant aux objectifs de l’intervention. Les intérêts géostratégiques et sécuritaires turcs dans la région dictent un non-alignement sur la position de ses alliés occidentaux et arabes.

En effet, l’EI menace lourdement la sécurité de la Turquie. Outre les prises d’otages, dont celle à la fin heureuse de 46 citoyens turcs aux mains de l’EI depuis fin juin, l’EI encercle, en territoire syrien, l’enclave turque du mausolée de Suleyman Shah, grand-père d’Osman Bey, fondateur de l’Empire ottoman. Plus qu’une considération extraterritoriale, c’est la charge symbolique de la grandeur ottomane passée qui est mise à mal. L’enclave, cédée à la Turquie kémaliste par la France mandataire en 1921, est gardée par une quarantaine de soldats turcs, mais l’éta