Combien seront-ils aujourd’hui ? 200 tout au plus ? Voilà deux semaines qu’ils contemplent, regroupés par petits groupes, le panorama fumant de Kobané sous le feu des armes lourdes de l’Etat islamique, qui a encore affermi son emprise ce week-end malgré les frappes quotidiennes des chasseurs de la coalition. Dimanche, c’était d’un silo à blé que s’échappait une colonne de suie. Ils changent de point de vue au gré des interdictions de l’armée turque, qui n’hésite pas à tirer en l’air à l’automatique pour les chasser, passant d’une colline aride à un champ souillé par les bouteilles en plastique. Dimanche, ils étaient à Masser, village à un bon kilomètre de la frontière. Qui sont-ils ? Beaucoup sont de Suruç, la ville turque distante de 8 km du front, d’autres de la région de Diyarbakir. Certains sont venus des zones frontalières avec l’Arménie ou l’Iran, comme cette maire de Bazide, à 700 km de Kobané.
«C’est la ville martyre des Kurdes si Erdogan n’intervient pas»,
dit Dalal Takdamir, du Parti pour la paix et la démocratie, principale formation prokurde proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) - ayant mené la lutte armée contre Ankara depuis 1984. L’élue voit dans le refus de l’armée turque d’intervenir
«une preuve supplémentaire du nettoyage des populations kurdes».
«Ambulances». Cela fait quatre jours que Dalal Takdamir et deux membres de son conseil municipal se déplacent le long de la frontière. «Nous aid