Abou Khalil est d'autant plus inquiétant qu'il semble normal. Ce samedi soir, il se promène, nonchalant et souriant, en jean et baskets, dans les rues de Mersin, sur le littoral turc. Il a les cheveux courts et une barbe si fine qu'on la distingue à peine. «Je prendrai une bière, s'il vous plaît», dit-il au serveur d'un café du centre-ville. «Non, c'est une blague, mettez-moi un jus d'orange», ajoute-t-il aussitôt en riant.
Abou Khalil, un Syrien de 24 ans, est membre d'Al-Qaeda. Il en est «fier» ; il ne regrette ni ne renie rien. Il appartient au groupe «Khorassan», considéré par les services de renseignements américains comme le plus dangereux, le plus susceptible d'attaquer l'Occident sur son sol. «Oui, bien sûr que je pourrais participer à un attentat aux Etats-Unis, en France ou dans n'importe quel pays membre de l'Otan. Ce serait une juste revanche face à vos bombardements en Afghanistan et maintenant en Syrie. Il faut simplement que ce soit une opération d'envergure, qu'elle intervienne au bon moment et que la riposte contre le monde musulman soit anticipée», affirme-t-il. Il estime aussi que c'est «normal d'égorger les chiites, un par un, jusqu'au dernier», comme s'il s'agissait d'une évidence. Son jihad n'a pas de frontières et s'étend à tous les pays musulmans, qu'il veut transformer en autant d'«émirats» où un islamisme absolu régnerait.
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