Le risque est celui d'un nouveau Srebrenica, l'enclave musulmane de Bosnie théoriquement sous protection de l'ONU, dont la conquête par les forces serbes en juillet 1995 fut suivie du massacre de 8 000 civils. L'émissaire spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan De Mistura, a eu le courage d'oser la comparaison en appelant dès vendredi les autorités d'Ankara «à autoriser le flot des volontaires à entrer dans la ville pour soutenir son action d'autodéfense». Quelque 700 civils kurdes sont coincés au milieu des combats et quelque 13 000 se massent près de la frontière. Ils n'ont aucune merci à attendre des jihadistes. Malgré ces appels et la pression internationale croissante pour qu'il empêche la chute de Kobané, le président islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, se refuse pourtant à autoriser le passage d'armes et de combattants pour aider les assiégés.
Les Américains ne cachent pas une exaspération croissante face à leur allié de l'Otan et, malgré la visite de deux jours à Ankara du général John Allen, le coordinateur de la coalition, l'AKP au pouvoir depuis 2002 campe sur ses positions. «Les soldats turcs sont-ils vos mercenaires ?» a lancé le vice-Premier ministre, Yalçin Akdogan. Les autorités turques, malgré la décision du Parlement du 2 octobre d'autoriser un éventuel envoi de troupes en Syrie et en Irak ainsi que le stationnement de forces étrangères sur leur sol, n'ont toujours pas ouvert Incirlik, la grande base de l'Otan, aux miss