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Libération
Reportage

Au Liberia, Monrovia sous la coupe d’Ebola

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Ebola, la fièvre baissedossier
Confinées chez elles en attendant la fin de la période d’incubation, les familles du quartier «72nd SKD Boulevard» de la capitale libérienne comptent les décès. Elles craignent d’être stigmatisées à vie.
A Monrovia, le 4 octobre, une femme vient d'apprendre que son mari est atteint par le virus Ebola. (Photo Pascal Guyot. AFP)
publié le 13 octobre 2014 à 19h16

L'adolescente apparaît sur le perron de la maison, un tee-shirt vert en guise de foulard noué sur la tête. Sa démarche est hésitante, ses yeux un peu gonflés. Elle se sent fiévreuse depuis la veille, explique-t-elle. A quelques mètres d'elle, dans la cour, Alice, sa mère, entièrement vêtue de noir, lui jette un regard inquiet. Dans ce contexte, que dire pour rassurer son enfant ? Cette fois, Alice ne trouvera pas les mots et se contentera d'un soupir. Son mari, pasteur, est mort le 6 octobre, quatre jours après avoir présenté les premiers symptômes d'Ebola. Il avait été en contact avec deux personnes atteintes : une infirmière puis une femme enceinte. C'est lui qui a fermé les yeux de cette dernière quand elle est morte. Alice vit désormais seule avec ses six enfants. La famille ne peut pas sortir au-delà de la petite cour boueuse pendant les vingt et un jours d'incubation de la maladie. Impossible d'aller au marché acheter de quoi se nourrir, impossible pour les enfants d'aller à l'école. La solidarité semble malgré tout fonctionner dans ce quartier pauvre du nord de Monrovia où pas un seul foyer n'est épargné par Ebola. C'est ici, dans le quartier du «72nd SKD Boulevard», que vivait Thomas Eric Duncan, le premier patient à avoir été diagnostiqué hors Afrique, et qui est décédé sur le sol américain la semaine dernière à l'âge de 42 ans (