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Interview

Ebola : «Les patients ne voient pas nos visages»

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Ebola, la fièvre baissedossier
Equipement, organisation, capacité insuffisante... Will Turner témoigne des éprouvantes conditions de travail dans le centre de Médecins sans frontières de Kailahun, en Sierra Leone.
Dans le centre de Kailahun, des membres de MSF apportent de la nourriture aux patients. (Photo Tommy Trenchard. Reuters)
publié le 13 octobre 2014 à 12h51

Le Britannique Will Turner est coordinateur chez Médecins sans frontières. Habitué des missions en Afrique, contre la maladie du sommeil notamment, il est arrivé il y a dix jours au centre de Kailahun, dans l’est de la Sierra Leone. Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé, l’épidémie d’Ebola a déjà fait près de 1 000 morts dans le pays. Dans ce seul centre médical, installé en juin, 494 cas ont été confirmés jusqu’à présent. Et parmi eux, un peu moins de la moitié (197) a guéri. En ce moment, 34 internationaux et 250 Sierra-Léonais y travaillent. Bébés, femmes enceintes, vieillards… les 72 lits accueillent des malades venus de tout le pays.

Comment est organisé le centre ?

Les patients sont répartis en trois zones, séparées par des sas et des clôtures. Le circuit des soignants entre chacune des zones est très encadré. Dans une première tente, les cas suspects. Cela veut dire que leurs symptômes peuvent correspondre à Ebola mais aussi au paludisme ou à une autre maladie. Ensuite, les cas probables. Pour eux, la proximité récente avec une personne atteinte d’Ebola accroît la présomption. Enfin, et c’est là qu’on a le plus de patients, les cas confirmés. Le diagnostic est établi par des prélèvements. Pour cette catégorie, le taux de mortalité est de 60%.

A quelles mesures de protection êtes-vous astreints ?

D’abord, il y a l’habillement. On enfile une combinaison jaune, puis par-dessus un tablier épais. On a deux paires de gants l’une sur l’autre, au cas où l’une soit perforée, une cagoule, un masque, des bottes et des lunettes étanches. A la