Le comité Nobel norvégien se moque bien des intentions d’Alfred Nobel, et la récompense attribuée ce vendredi à deux militants des droits de l’enfant en est une nouvelle preuve. Il ne s’agit pas ici de diminuer le mérite des lauréats de l’édition 2014. Le courage de Malala Yousafzai et la détermination de Kailash Satyarthi ne sont pas à démontrer. Mais on ne peut que constater l’écart entre ce qu’ils représentent et les dernières volontés de l’inventeur de la dynamite.
Dans son testament, Alfred Nobel (1833-1896) précisait que l'essentiel de sa fortune devait être placé en valeurs sûres, et que les intérêts générés par ces placements devaient servir à établir cinq prix dans cinq domaines qui lui tenaient particulièrement à cœur : médecine, physique, chimie, littérature et paix. Ce dernier prix devait aller, d'après les mots mêmes du testament, à celui qui a «œuvré le plus et le mieux pour la fraternité des peuples et la suppression ou la réduction des armées permanentes, ainsi que la création et la propagation des congrès de la paix».
Un type de lauréats très précis
Si on analyse les accomplissements de Malala Yousafzai et de Kailash Satyarthi à l’aune de ces quelques lignes, le problème saute aux yeux. Ont-ils milité pour la réduction des armées ? Ce n’est pas leur sujet. Ont-ils organisé des congrès de la paix ? Pas davantage. Ont-ils lutté pour la fraternité des peuples ? Ici, on pourrait se poser la question. Mais le mot «peuple» prenait sous la plume d’Alfred Nobel plutôt le sens de celui de «n