Débordés, sous-équipés, formés à la hâte, mal payés, parfois stigmatisés: en première ligne face à l'épidémie d'Ebola, les personnels de santé menacent de se désagréger sous le choc, comme le révèle le mouvement de grève au Liberia, pays le plus touché. «Nous sommes convaincus que le peuple libérien et le monde ont entendu nos cris», a affirmé mardi le secrétaire général du syndicat du secteur, George Williams, annonçant la levée du mot d'ordre de grève nationale, au second jour du mouvement. Il a dénoncé «la négligence, la tromperie et les menaces» des autorités.
Alphonso Wesseh, un représentant du personnel de la clinique Island, à Monrovia, au départ la semaine dernière du mouvement, pour des revendications salariales, a décrit des conditions de travail «pas humaines». «Un de nos collègues est mort parce qu'il a été mordu par un patient qui voulait violer une malade», a-t-il affirmé. «Nous sommes dans une situation infernale, donc nous devons être indemnisés en conséquence».
Le bureau de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Liberia avait appelé les personnels de santé à «poursuivre leur travail», mettant en garde contre «des risques d'erreur plus élevés» en raison de la réduction du nombre de soignants à cause de la grève. Le directeur adjoint de l'OMS Bruce Aylward a jugé mardi légitimes les revendications des personnels de santé, qui «doivent recevoir un salaire, une prime de risque, et souvent aussi une assurance»<