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Libération

Contre la junte, des boîtes en fer sur la tête

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publié le 16 octobre 2014 à 19h46

En thaï, on appelle cela pip. C'est une grosse boîte carrée en fer, avec une face translucide, dans laquelle on stocke des biscuits pour les mettre en vente dans les épiceries du pays. De manière inattendue, ce banal objet est devenu ces dernières semaines le signe de ralliement des universitaires thaïlandais en révolte contre le régime militaire, lequel a saisi le pouvoir le 22 mai. Ils se mettent la boîte sur la tête et déambulent ainsi affublés sur les campus. Pas idiot d'ailleurs, car la face translucide permet d'éviter de se prendre un poteau dans la figure.

Au départ, chausser le pip visait à dénoncer les universitaires qui avaient fait allégeance à la junte, comme par exemple le président de l'université de médecine Mahidol, lequel avait accepté un poste à l'Assemblée nationale sous la coupe des militaires. Mais, plus récemment, le régime a durci le ton vis-à-vis des professeurs. Plusieurs séminaires ont été interdits, la police et les soldats débarquant parfois au milieu des débats pour embarquer les intervenants. «Tout séminaire, colloque ou forum doit désormais obtenir le feu vert de la junte pour pouvoir se tenir», a déclaré le 23 septembre le général Prawit Wongsuwan, ministre de la Défense. Et tout sujet ayant trait de près ou de loin à la politique est banni. «Il faut éviter les activités qui pourraient recréer des divisions politiques», a renchéri un porte-parole de la junte. Les professeurs arborant fièrement des boîtes à bi