Berlin plutôt que Bruxelles : après le Premier ministre, Manuel Valls, les 22 et 23 septembre, c’est au tour des ministres des Finances et de l’Economie, Michel Sapin et Emmanuel Macron, de faire le voyage en Allemagne pour essayer de convaincre la chancelière Angela Merkel de la pertinence de la politique économique et budgétaire française. Aucune de ces éminences de la République n’a cru bon de se rendre à Bruxelles, alors que c’est là qu’est censée être gouvernée la zone euro. La capitale belge n’est-elle pas le siège de la Commission et de l’eurogroupe, l’enceinte qui réunit les ministres des Finances, dont l’Allemagne est l’un des 18 membres ?
Glissement. En ignorant Bruxelles, Paris reconnaît juste que la réalité du pouvoir est désormais à Berlin. Une étrange capitulation qui n'est pas sans risque pour l'avenir de l'Europe, redoute-t-on à Bruxelles. C'est à la faveur de la crise bancaire de 2008, qui a dégénéré en crise de la dette publique dans la zone euro, que ce glissement de pouvoir a eu lieu. L'Allemagne avait certes des atouts pour s'imposer : elle seule jouit d'une forte confiance des marchés - ceux-ci recherchant toujours le mark derrière l'euro -, ses finances publiques sont en ordre et son économie apparaît comme solide. Mais ce sont surtout les hésitations de la chancelière qui l'ont servi : il est clairement apparu, au fil de la période 2009-2012, que l'euro n'avait qu'une viabilité chancelante sans la garantie allemand