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Libération
TRIBUNE

En Allemagne, rien ne va plus

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par Gabriel Richard-Molard, Chercheur en droit public européen
publié le 20 octobre 2014 à 18h36

L'Allemagne, malgré ses grèves à répétition (le week-end dernier, celle du plus gros syndicat de chauffeurs de locomotives, et lundi, des pilotes de la Lufthansa) et sa pauvreté galopante, ne cesse d'émerveiller la presse hexagonale et européenne. Aux appels hystériques, qui exigent de suivre séance tenante le sillage allemand, s'opposent quelques voix, comme celles de Paul Krugman, prix Nobel d'économie, de Guillaume Duval, d'Alternatives économiques ou, plus récemment, du chef de l'Institut allemand pour l'économie, Marcel Fratzscher. Cet économiste remet fondamentalement en cause le «modèle» allemand et voit en lui le fossoyeur de la construction européenne. L'intense publicité faite autour de son ouvrage paru le 30 septembre (Allemagne, l'illusion) montre le rapport ambivalent de jalousie et de haine que portent les Européens à l'égard de l'Allemagne d'Angela Merkel.

La perception et l’image de la presse française sur l’Allemagne, et par extension de son lectorat français, est fondamentalement erronée. Elle paraît, néanmoins, nécessaire pour faire accepter une information et la faire rentrer dans le sens du cliché habituel. Habitant et travaillant dans ce pays, la réalité que je vis n’a pas grand-chose à voir avec le tableau idyllique systématiquement présenté. Le premier écueil de cette présentation est d’agréer à l’idée que les réformes menées par le gouvernement Schröder (loi Hartz I à IV) aient amélioré la situation économique et sociale du pays. Ces