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grand angle

Contre l’islamisme, l’élite en lutte

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Haut-lieu de la bourgeoisie tunisoise, La Marsa craint de revivre le choc d’une victoire d’Ennahda, dimanche. Dans les galeries d’art et les associations caritatives, l’heure est à la mobilisation.
publié le 21 octobre 2014 à 17h06

Carton d'invitation en poche, le public se presse dans les travées de l'Alhambra, le cinéma de La Marsa, coquette commune en bord de mer, située dans la banlieue nord de Tunis. Ce samedi soir, 27 septembre, on y projette en avant-première le nouveau documentaire de Néjib Belkadhi, Sept et demi, une plongée dans l'effervescence des neuf premiers mois de l'après-Ben Ali, de janvier à octobre 2011. Le film s'attarde surtout sur la campagne pour l'élection de l'Assemblée constituante : les espoirs et les promesses de l'époque, l'enthousiasme des néoélecteurs, les observateurs à l'affût de la fraude, la désorganisation des partis modernistes face à la machine des islamistes de Ennahda… Et puis, le soir du scrutin, les visages déconfits, quand les premiers réalisent que les seconds arrivent largement en tête.

Trois ans plus tard, à l'approche des élections (législatives le 26 octobre, présidentielle le 23 novembre), le cinéaste voulait «rafraîchir les mémoires». «J'espère que ça nous servira à ne pas refaire les mêmes erreurs, comme se disperser», soupire Nadia, «pessimiste», à la sortie de l'Alhambra. Ville symbole de l'élite tunisienne, La Marsa ne veut pas revivre la «catastrophe» du 23 octobre 2011.

«On ne connaissait pas plus le pays que les touristes»

«Un choc», «une vraie claque», «un coup de massue», «une surprise accablante», «un traumatisme», décrivent les Marsois. C'est peu dire que la victoire des islamistes, en 2011, avait secoué la «principauté», surnom de cette bourgad