Ninette Kelley, représentante au Liban du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), revient sur la décision du gouvernement libanais de fermer sa frontière aux réfugiés syriens.
Comment interpréter la récente prise de position du gouvernement libanais ?
Cette décision a été longuement mûrie pendant plusieurs mois, et elle fait consensus au sein du gouvernement libanais. Le Liban est un petit pays de 4 millions d’habitants, et le quart de sa population est constituée de réfugiés, ce qui augmente la pression sur les infrastructures et affecte l’accès aux services publics pour les Libanais, en particulier dans le secteur de la santé. La détérioration des conditions sécuritaires, avec des débordements cet été à Ersal, à la frontière est du pays, a aussi poussé l’Etat libanais à agir sur la question des réfugiés.
Peut-on s’attendre à une baisse significative des réfugiés au cours des prochains mois ?
Le nombre de réfugiés enregistrés baisse depuis plusieurs semaines déjà. Au mois de juin, le gouvernement libanais nous a fourni des listes de réfugiés effectuant des allers-retours en Syrie. Après des entretiens, ceux qui n’avaient pas de raison exceptionnelle de quitter le territoire libanais se sont vu retirer leur statut de réfugié. Nous menons en parallèle notre propre politique de réévaluation. Les personnes qui ne sont pas régulièrement en contact avec nos services et qui n’utilisent pas, par exemple, leurs cartes électroniques pour les achats alimentaires deux fois consécutives sont supprimées de nos listes. Depuis juin, 60 000 personnes ont ainsi perdu leur statut de réfugié.
Les Nations unies ont annoncé le mois dernier qu’elles allaient réduire leur aide alimentaire à la Syrie. Peut-on s’attendre à un scénario identique au Liban ?
Les fonds dont nous disposons devraient nous