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grand angle

Kasserine, entre tirs et martyrs

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Ciblée depuis trois ans par des attaques jihadistes, la ville symbole de la révolution vit sous surveillance. Mais la hantise de ses habitants reste le chômage des jeunes.
publié le 22 octobre 2014 à 17h06

A l’entrée de la ville, un tag prévient, en anglais et en couleur : «Nous sommes la révolution». Plus loin, un barrage de police. Les agents contrôlent les entrées et les sorties, examinent parfois les coffres et les papiers. Il y a presque quatre ans, les habitants de Kasserine se soulevaient contre le régime de Ben Ali et la répression sanglante de la police. Aujourd’hui, celle-ci boucle en permanence cette cité de 80 000 habitants, aux confins ouest de la Tunisie.

Kasserine est passée d’un symbole à un autre. En 2011, elle a payé le plus lourd tribut à la révolution : selon une commission d’enquête, 21 personnes ont été tuées et quelque 600 autres blessées, entre le 8 et le 12 janvier. Un bain de sang qui avait fait basculer tout le pays dans la colère.

Désormais, ce sont les soldats et les gendarmes que le modeste hôpital régional voit défiler. Une trentaine sont morts au mont Chaambi, le massif qui domine la ville, fauchés par des mines artisanales ou assassinés dans des embuscades tendues par les jihadistes qui y ont pris le maquis. Voilà deux ans que les forces de sécurité y pourchassent la «brigade Oqba ibn-Nafaa», liée à Aqmi, composée de quelques dizaines de combattants, principalement algériens et tunisiens. Chacune de ses attaques provoque l'émoi dans tout le pays, comme celle du 16 juillet : quinze militaires ont été tués. A l'approche des élections, les craintes se ravivent. Le calme prévaut depuis plusieurs semaines, mais «Kasserine est la ville la plus mena