Il vient du paradis et se bat contre l’enfer. Sur les rives du majestueux lac Kivu, dans l’est de l’immense république démocratique du Congo (RDC), le docteur Denis Mukwege s’est rendu célèbre en soignant gratuitement les femmes victimes de viols et de mutilations sexuelles. Un combat qui semble hélas souvent sans fin, et qui a été récompensé, à l’unanimité, mardi par le prestigieux prix Sakharov décerné par le Parlement européen à Strasbourg.
Sacrifice. Cette distinction permettra-t-elle de sensibiliser l'opinion mondiale sur une région dévastée par près de vingt ans de violences, et si souvent oubliée ? Chez lui, à Bukavu, la capitale de la région du Sud-Kivu, Denis Mukwege est un héros. Ce gynécologue de 59 ans n'y est pas seulement le «Docteur miracle» qui, depuis 1999, dans la clinique de Panzi qu'il a fondée au sud de Bukavu, accueille chaque année 3 500 femmes, victimes de la cruauté inouïe des hommes en armes qui infestent la région.
Par son engagement et ses dénonciations publiques, ce colosse débonnaire au visage grêlé est aussi devenu l’inlassable porte-parole, à travers le monde, d’une tragédie qui se perpétue et se renouvelle dans une passivité coupable. Ses prises de position ont d’ailleurs valu à Denis Mukwege d’être souvent menacé : il a été victime de six tentatives de meurtre. Lors de la dernière, le 25 octobre 2012, il a échappé à la mort grâce au sacrifice héroïque de l’un de ses domestiques, qui a été tué en s’interpos