Quand les Hongkongais de France se réveillent à l’heure de Paris, Facebook est déjà rempli de photos de visages blessés, ensanglantés, et de vidéos qui montrent la violence des policiers. La première fois que la police a utilisé le gaz lacrymogène, ma petite sœur, qui était dans la rue, m’a envoyé un message vocal via l’application WhatsApp. En temps réel, j’ai ressenti avec elle la peur, le stress et le désespoir. Deux ou trois jours après, des vidéos des violences de groupes mafieux circulaient un peu partout sur les réseaux sociaux.
Depuis le début du mouvement prodémocratie à Hongkong, on observe un accroissement du contrôle de Pékin sur les médias. Les locaux d'Apple Daily ont été assiégés par des opposants. La chaîne TVB s'est refusée à diffuser une vidéo qui dénonce la violence de la police. Lorsque près de 800 élèves des Diocesan Boys' School et Diocesan Girls' School ont tenté d'acheter un espace publicitaire avec leurs signatures pour dénoncer les violences policières du 19 octobre, le prix de la page du South China Morning Post est passé de 45 000 (4 600 euros) à 147 798 dollars hongkongais (15 000 euros). Cette décision éditoriale est évidemment politique. Entre la réalité dans la rue et sa version médiatisée, Hongkong commence à vivre dans un monde parallèle. Nous nous méfions de la plupart des médias locaux, mais nous suivons l'actualité de très près grâce à Twitter, Facebook et des médias indépendants, comme SocRec qui diffuse les vidéos des manifestat