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portrait

Diane et John Foley, orphelins de fils

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Médecin et infirmière, les parents du journaliste américain égorgé par l’Etat islamique évoquent la trajectoire de leur fils.
(Photo Mathieu Zazzo)
publié le 26 octobre 2014 à 18h26

Comment peut-on survivre à ça ? Comment peut-on continuer à vivre avec cette dernière image ? C’est la question indicible qui s’impose quand on rencontre John et Diane Foley. La dernière image surgit brutalement le 19 août. Ce jour-là, leur fils aîné James Foley apparaît en tenue orange sur fond de désert. Un homme en noir est debout derrière lui. Il sera le premier journaliste occidental décapité par l’Etat islamique. La mise en scène macabre de son exécution fait la une de tous les médias.

Quelques heures plus tard, sous un soleil estival, devant une maison typiquement américaine en bois blanc, ses parents apparaissent pour la première fois devant les caméras. Dignes et graves, ils évoquent leur fierté pour le travail accompli par leur fils, pour son engagement à rendre compte des souffrances du peuple syrien. Leur dignité a bouleversé le monde entier. Pour eux, ce fut aussi le basculement dans une autre réalité. «J'étais si naïve. Je savais que son métier était dangereux mais je ne mesurais pas les risques encourus», soupire Diane Foley, dans le salon d'un hôtel de Bayeux. Invités au Prix des correspondants de guerre qui se déroule chaque année dans cette ville normande, les parents du journaliste américain ont été l'objet de toutes les sollicitudes, suscitant une standing ovation le soir de la remise des prix. Presque malgré eux, ils sont devenus un symbole, les porte-parole des parents d'otages. Eux parlent toujours de «Jimmy» avec tendresse et