La petite ville d’Ugledar est une île de béton plantée dans la terre du Donbass. Jusqu’à ces derniers mois, la vie n’avait pas beaucoup changé depuis 1964 et la construction des barres d’immeubles qui devaient loger les familles des ouvriers qui remontaient le charbon des deux mines voisines. Puis, la guerre est arrivée et des barrages ont été installés sur la route qui mène à Donetsk, la capitale régionale contrôlée par les séparatistes, distante d’une quarantaine de kilomètres, de l’autre côté de la ligne de front.
Les habitants d’Ugledar ont toujours soutenu le Parti des régions du président déchu, Viktor Ianoukovitch, et ils ont observé avec méfiance les manifestations de la place de l’Indépendance, à Kiev. Mais en ce jour d’élection, les premières législatives depuis la révolution de l’hiver dernier, la population de cette bourgade de 15 000 habitants a décidé de se déplacer aux urnes.
«Je suis pour l'unité de l'Ukraine, clame avec énergie une femme devant le bureau de vote numéro 140 668, installé dans un gymnase. J'ai voté pour le parti Samopomich, celui du maire de Lviv, Andriy Sadovyi. Il est jeune et il a l'air honnête. C'est un mouvement de l'Ouest, et alors ? Cela ne peut pas être pire que ce qui nous arrive en moment.» S'il n'est pas forcément représentatif des orientations électorales des habitants de la région, cet exemple illustre le discrédit général qui touche le Parti des régions… et la bataille que se livrent les autres formations pour réc