Il ne sait pas s’il pourra un jour retourner en Thaïlande. «Là-bas, je suis passible de trois à quinze ans de prison. Pour que j’y retourne, il faudrait qu’il y ait une amnistie, ou qu’un mouvement populaire renverse la junte militaire.» Jaran Ditapichai, 69 ans, militant des droits de l’homme en Thaïlande, vit en exil à Paris depuis le 15 juin. Il a déposé une demande d’asile politique. Il connaît bien la France pour s’y être déjà réfugié dans les années 80. Figure du soulèvement étudiant d’octobre 1973 à Bangkok, il avait rejoint le Parti communiste thaïlandais puis, entré dans la clandestinité lors de la répression, avait trouvé refuge à Paris en 1984. Ex-étudiant en philo à la Sorbonne, il en garde quelques bons restes de français. Il est l’un des meneurs des «Chemises rouges», les partisans de l’ex-Premier ministre en exil, Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d’Etat en 2006. Homme d’affaires richissime, Shinawatra était aussi détesté par les milieux royalistes et par l’armée que populaire chez les démunis grâce à ses programmes sociaux et ses subventions. Mais il avait aussi entretenu à son profit tout un système de corruption, ce qui lui a valu d’être condamné.
Après un nouveau coup d'Etat mené par la junte militaire le 22 mai, Jaran Ditapichai a préféré s'exiler, laissant femme et enfant à Bangkok, plutôt