Le touriste qui prendrait la Colombie pour un nirvana de la coke risque d'en être pour ses frais en arrivant à Bogotá. Même les consommateurs du pays andin, pourtant un des principaux producteurs de cocaïne au monde, ignorent ce qu'ils se mettent dans le nez. C'est ce qu'a prouvé une campagne de tests réalisée par l'association Acción Técnica Social (ATS) dans les soirées de la capitale. Son constat : la poudre est coupée au moins de moitié, voire carrément absente dans trois quarts des cas. «Les consommateurs nous jetaient presque leur dose à la figure en apprenant le résultat», raconte Julián Quintero, coordinateur de ces tests. Comme en Europe, la liste des produits de coupe fait frémir : du déparasitant pour cheval, des analgésiques dangereux pour le foie… «A la fin, on ignore ce qui est le plus dangereux, continue Quintero, la drogue elle-même ou le mélange.»
C'est un nouveau front qui s'ouvre dans la «guerre contre les drogues» pour la Colombie. Le pays est souvent cité en exemple pour ses réussites policières. Après avoir longtemps été premier producteur mondial de poudre, il a divisé par plus de deux, depuis 2001, sa superficie cultivée de coca, au prix de nombreux morts et d'aspersions aériennes d'herbicide à tout-va. Mais cette coûteuse politique dite «d'interdiction» n'a eu aucun effet positif sur la consommation de coke dans le pays. Les deux seules études réalisées montrent même une hausse entre 2008 et 2013, avec aujourd'hui d