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Libération
TRIBUNE

Ces journalistes qu’on assassine

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par Irina Bokova, Directrice générale de l’Unesco
publié le 30 octobre 2014 à 17h06

Il y a un an, deux journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, étaient assassinés au Mali dans l’exercice de leur métier. C’est en leur mémoire et au nom de tous les journalistes assassinés que les Nations unies célèbrent, le 2 novembre, la première journée mondiale contre l’impunité des crimes envers les journalistes.

Chaque semaine, un journaliste est assassiné quelque part dans le monde. Certains sont de grands reporters partis couvrir des zones de combat. La plupart sont des journalistes locaux, couvrant des histoires locales, de corruption, de fraudes. Leurs histoires ne seront jamais publiées.

Ce qui est peut-être pire, c’est que la plupart de ces crimes restent impunis - autorisant les criminels à poursuivre sans risque leur chantage macabre, paralysant davantage la libre circulation de l’information. Moins de 6% des presque 600 meurtres de journalistes commis entre 2006 et 2013 ont été résolus. Un quart des enquêtes judiciaires est toujours considéré «en cours». L’Unesco émet une condamnation publique chaque fois qu’un meurtre est commis, mais, dans 60% des cas, aucune information ne nous est transmise de la part des Etats membres concernés.

Cette impunité est un poison : elle instaure un climat de peur qui nourrit l’autocensure, elle oriente l’information en détournant la société des informations qui dérangent, qui éclairent et qui permettent de faire des choix en connaissance de cause. Cela ne peut continuer ainsi.

Pour lutter contre ce phénomène, les Natio