C’est une statue qui vacille, peut-être le premier signe de l’agonie d’un dinosaure diront ses détracteurs. Mais, même si la situation restait jeudi soir très confuse au Burkina Faso, rares sont ceux qui auraient pu imaginer que Blaise Compaoré perdrait si vite le contrôle de la rue au «pays des hommes intègres», où il a régné sans partage depuis vingt-sept ans. Réputé rusé, secret, l’inamovible président de cet Etat enclavé d’Afrique de l’Ouest a su se maintenir au pouvoir par un mélange d’autoritarisme et d’ouverture prudente, éliminant les adversaires ou les prétendants qui pouvaient lui faire ombrage et s’imposant sur la scène régionale comme un médiateur incontournable.
Mais à 63 ans, «Blaise», comme on l’appelle en Afrique, a visiblement joué le coup de poker de trop en tentant une fois de plus de se maintenir au pouvoir par une réforme constitutionnelle pour briguer un cinquième mandat. En 2005, il s’était représenté malgré la limitation à deux mandats qu’il avait alors déjà accomplis, en arguant que la loi adoptée en 2000 ne pouvait être rétroactive. Il sera alors réélu avec des scores soviétiques (plus de 80% des voix) en 2005, puis en 2010.
Shakespearien. Pour 2015, le scénario n'a pas fonctionné. Moins à cause de la ténacité d'une opposition divisée que du ras-le-bol d'une jeunesse qui est déjà descendue massivement dans la rue en 2011 et 2013 pour dénoncer le maintien au pouvoir de cet ancien officier au visage impassible. Le d