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Libération
Reportage

Burkina : suivie par l’armée, la rue fait chuter le régime

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Après une journée d’émeutes, le président Compaoré a dissous le gouvernement. Les militaires ont répliqué en annonçant la création d’un exécutif de transition.
Des manifestants ont pris d'assaut les locaux de la télévision publique, jeudi à Ouagadougou. (Photo Joe Penney. Reuters)
par Louise Agar, Correspondance à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso)
publié le 30 octobre 2014 à 22h36

La confusion était la plus totale jeudi soir à Ouagadougou. Qui dirige le pays ? Après une journée de violences qui ont débuté par l'incendie de l'Assemblée nationale et auraient fait une vingtaine de morts et de nombreux blessés, un bras de fer s'est engagé entre l'opposition et le camp présidentiel, à coup de communiqués contradictoires. Alors que tout le monde se demandait s'il était encore dans le pays, le président Blaise Compaoré s'est exprimé vers 18 heures (heure locale) à travers un communiqué, difficilement authentifiable selon l'AFP : il a annoncé le retrait du projet de loi controversé qui visait à modifier la Constitution pour lui permettre de se représenter fin 2015, et décrété «l'état de siège» et «la dissolution du gouvernement». Une heure plus tard, le chef d'état-major des armées, le général Honoré Traoré, annonçait la dissolution de l'Assemblée nationale et la mise en place d'un gouvernement de transition pour un an, ainsi que l'instauration d'un couvre-feu entre 19 heures et 6 heures sur tout le territoire, jusqu'à nouvel ordre.

Acclamation. Pour Abdoulaye Soma, professeur de droit constitutionnel, «il ne fait pas de doute qu'il s'agit d'un coup d'Etat, puisque le chef d'état-major se substitue à l'autorité du Président. Reste désormais à discuter des conditions de cette transition». Mais le message ne semble pas avoir été perçu de la même manière par la population. Acclamé par des milliers d