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Libération
Récit

Nidaa Tounes, fragile vainqueur

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Le jeune parti tunisien, coalition hétéroclite construite autour de l’opposition aux islamistes, devance Ennahdha de 16 sièges. Mais manque encore d’alliés pour former un gouvernement.
Des partisans de Nidaa Tounes, le 28 octobre à Tunis. (Photo Hassene Dridi. AFP)
publié le 30 octobre 2014 à 18h26

Cette fois, c’est officiel : selon les résultats préliminaires, enfin annoncés mercredi, le parti Nidaa Tounes arrive en tête des législatives, avec 85 sièges emportés sur 217. Sans majorité, mais avec une confortable avance sur les islamistes d’Ennahdha, qui en décroche 69.

Les dirigeants de Nidaa Tounes se gardent toutefois de triompher. «La victoire est une responsabilité plus qu'autre chose, il faut garder les pieds sur terre. On nous donne une chance, pas carte blanche», analyse Khemaïs Ksila, membre de la direction. Il n'empêche, Nidaa Tounes a remporté son premier pari : permettre une alternance, faire contrepoids à Ennahdha qui, après les élections du 23 octobre 2011, semblaient pouvoir garder l'ascendant pour un long moment, face à un camp moderniste désorganisé. En moins de deux ans d'existence, «l'Appel de la Tunisie» s'est imposé comme la première force politique du pays.

«Comment expliquer qu'un parti émerge en si peu de temps, sinon par l'inquiétude ?» souligne le constitutionnaliste Ghazi Gherairi. Lancé au printemps 2012, Nidaa Tounes a prospéré sur la peur des islamistes et leurs échecs au pouvoir. Le mouvement a matraqué les mêmes messages : l'incompétence d'Ennahdha et de ses alliés, leur laxisme dans la lutte contre le terrorisme, leur «obscurantisme» supposé.

Un positionnement qui a payé, dans les urnes. Nidaa Tounes a récolté l'adhésion d'une partie des Tunisiens, soucieux de barrer la route à l'islamisme, notamment en votant