Toutes deux sont des jeunes femmes. L’une est chrétienne et pakistanaise, l’autre musulmane et iranienne. La première vient de voir confirmer sa peine à la pendaison motivée par le fait qu’elle avait voulu partager un verre d’eau avec deux musulmanes d’un village perdu du Penjab. La seconde a déjà été exécutée, samedi, à Téhéran, pour avoir tué un homme qui cherchait, semble-t-il, à abuser d’elle. Héroïnes tragiques malgré elles, témoignant d’une grandeur d’âme exceptionnelle, elles apparaissent aussi comme les victimes d’enjeux politiques qui les dépassent largement.
Asia Bibi, quatre ans de cauchemar
L’ordalie d’Asia Bibi, une humble paysanne d’une quarantaine d’années, mère de cinq enfants, commence le 2 juin 2009 lorsque deux sœurs, qui travaillent avec elle, refusent de boire de l’eau dans un verre qu’elle leur tend et qu’elle vient d’utiliser, jugeant que cette eau a été souillée par les lèvres de la chrétienne et qu’elle est devenue impure. Asia Bibi se défend et se serait permis une comparaison entre le Christ et le Prophète. Quelques jours plus tard, ses voisines vont la dénoncer à l’imam du village. Peu après, des villageois se précipitent pour battre la jeune femme, elle et sa famille. Heureusement, la police intervient, mais c’est aussi pour la jeter en prison, l’imam du village ayant déposé plainte contre elle pour blasphème. Elle n’en sortira plus. Menacée de mort, sa famille doit quitter le village et vit depuis cachée.
Le 8 novembre 2010, Asia Bibi est condamnée à mort par pendaison par un tribu